e n g l i s h f r a n ç a i s
i n s t a g r a m f a c e b o o k s h o p l i n k e d i n

Jacqueline Chabbi

L'Obs Idée - Illustration de presse

"Peut-on comparer Yahvé et Allah ?"
Thomas Römer, spécialiste de l’Ancien Testament, et Jacqueline Chabbi, historienne des premiers siècles de l’islam, en débattent dans « Dieu de la Bible, Dieu du Coran ». Extraits exclusifs.

Extrait :

Un même Dieu ?
Thomas Römer. L’unité, ou l’unicité divine, correspond à une lecture simplifiée, ou simplificatrice, faite après coup, du texte biblique, car en lui-même ce texte garde des traces nombreuses de changements de la compréhension de ce dieu. Les noms du dieu biblique sont multiples : Yahvé est le nom propre du dieu d’Israël. Il existait une forme brève : Yahou, mais on trouve aussi les noms divins Elohim, Eloa, El Shaddaï, ou encore tout simplement El, dont certains étaient utilisés pour d’autres divinités, avant qu’ils soient appliqués au dieu d’Israël. Ces traces montrent que ce dieu n’a pas du tout été, aux origines, un dieu unique ou « transcendant ». Il fut aussi, entre autres, un dieu de l’Orage, tel Baal, vénéré à Ougarit.

L’idée d’un seul Yahvé, à savoir celui de Jérusalem, se met en place à la fin du VIIe siècle (vers 622 avant notre ère), sous le roi Josias. Le royaume de Juda décrète qu’il faut prêter allégeance au « Dieu un », sans nier les autres dieux pour autant. L’idée que Yahvé est « un » légitime le Temple de Jérusalem, qui pour la première fois au Ier millénaire avant l’ère chrétienne est devenue une ville d’une certaine importance.

©Copyright Sarah Nyangué